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Un musée de l’histoire de la France et de l’Algérie va-t-il enfin voir le jour ?
vendredi 14 avril 2023, par
Paris-Maghreb, Aline Pazzis pour l’Obs, avril 2023
Maintes fois imaginé, maintes fois abandonné, le projet a été préconisé par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », remis à l’Elysée en janvier 2021
Lors de sa visite officielle en Algérie fin août 2022, Emmanuel Macron a dit sa volonté de mener à bien la création de ce futur musée et d’en faire, selon ses mots, un lieu « où la mémoire […] projette un espace à la fois de recherche, de vérité, sans doute de reconnaissance, mais aussi de création, de culture, de partage ».
Le maire (PS) de Montpellier, Michaël Delafosse, est dans les starting-blocks. Il n’attendait que le feu vert du président français pour s’atteler sérieusement à ce vieux chantier, initialement prévu dans la cité languedocienne et sans équivalent en France. Il a réaffirmé en août la légitimité de sa ville, terre d’accueil de nombreux rapatriés et harkis, pour accueillir cet établissement, afin de « regarder courageusement le passé, mais aussi tracer des lignes d’avenir ».
L’opportunité est inespérée. L’édile garde un souvenir amer de l’enterrement du projet par son prédécesseur. Imaginé en 2002 par le tonitruant Georges Frêche – non sans polémiques –, le musée avait été abandonné en 2014 par Philippe Saurel malgré les millions d’euros engagés. Ce dernier, installé à l’hôtel de ville jusqu’en 2020, avait justifié son choix par le coût des travaux, mais beaucoup lui ont reproché des motivations plus politiques, notamment d’avoir cédé à la pression des associations algérianistes et d’avoir passé un deal politique avec le Front national (FN, devenu Rassemblement national) pour décrocher la mairie. Cette affaire, qui avait déclenché de vives réactions d’historiens et d’intellectuels, illustre bien la difficulté persistante d’assumer l’histoire croisée de la France et de l’Algérie et le déni face à un passé qui ne passe pas, toujours en proie à l’instrumentalisation politique.
Florence Hudowicz, la conservatrice du département des arts graphiques et décoratifs du Musée Fabre à Montpellier, qui a rejoint l’aventure en 2010, espère que cette fois sera la bonne. Dans l’ombre, elle s’est attelée à constituer une collection à la hauteur de cet ambitieux projet. Cela fait des années qu’elle en attend la concrétisation. Membre de la commission « Mémoire et Vérité » chargée de mettre en œuvre les préconisations du rapport Stora, elle est aussi membre d’un comité scientifique élargi informel sur le projet du musée.