Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre

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Algérie, les oubliés de l’Histoire

mardi 2 février 2016, par Michel Berthelemy

Les promeneurs du quai Branly à Paris, à la hauteur du musée du même nom consacré aux arts africains, passent devant une dalle en béton surmontée de trois colonnes lumineuses aux couleurs du drapeau tricolore, signalant aux passants que là est le monument aux morts de la guerre d’Algérie.

A cette célébration est associé le souvenir des opérations militaires au Maroc et en Tunisie. Sur la première colonne défilent les noms des soldats morts pour la France et qui étaient en large partie des appelés du contingent, jeunes hommes fauchés par cette sale guerre qui, à l’époque, ne portait même pas son nom car pour nos hauts responsables politiques, de Guy Mollet le socialiste à de Gaulle le tribun de droite, l’intervention militaire en Algérie s’apparentait à une « opération de maintien de l’ordre ». Rappelons le temps de l’histoire de la décolonisation, 1er novembre 1954 – 19 mars 1962 pour la guerre d’indépendance de l’Algérie, soit plus de sept années de combats au cours desquels des milliers de jeunes appelés et rappelés trouvèrent la mort. Il suffit de lire leurs noms sur les monuments aux morts jusque dans nos villages de la France profonde. Dans ma petite commune de la Vienne, ils sont deux, leurs noms déjà bien oubliés comme le sont ceux de leurs camarades victimes du même drame qui mit fin au passé colonial de la France. Cet oubli, je ne peux que le ressentir chaque fois que je m’arrête devant le Mémorial dit de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie. Promeneurs, vous passez devant le monument aux morts sans y prêter la moindre attention et, encore moins, y marquer un arrêt en signe d’intérêt ou de respect.

Si j’évoque, ici, ce témoignage du souvenir français pour ces morts, victimes innocentes de la fin de notre empire colonial dont sont responsables, pour l’essentiel, nos dirigeants politiques de la IVe puis Ve République, c’est aussi pour rappeler un autre oubli de l’Histoire, celui des irradiés des campagnes d’essais nucléaires conduits par la France en terre algérienne, au Sahara. Le point d’orgue des méfaits de l’atome militaire sera la catastrophe du tir Béryl, le 1er mai 1962, dans le Hoggar. Ce jour-là, nous le savons, suite à l’échec du confinement de l’explosion de la bombe sous la montagne du Tan Affela, le nuage radioactif échappé de la galerie du tir a fait de nombreuses victimes au sein des équipes civiles et militaires les plus exposées sur le site, ainsi que parmi les populations du monde touareg, aussi bien celles des centres de culture que les nomades. Victimes non pas en danger de mort immédiate mais irradiées pour la vie avec les conséquences fatales qui ont pu en résulter. Quel en est le bilan ? Existent-ils des statistiques fiables permettant de mesurer l’ampleur des pertes humaines attribuables aux essais nucléaires dont cette terre algérienne a fait les frais avec ses victimes non déclarées, non identifiées comme le sont les hommes du contingent, principalement des soldats du Génie envoyés sur ces sites comme celui d’In Ecker dans le Hoggar ? A quand donc, un mémorial pour rappeler le sacrifice de ces victimes du nucléaire français, sans oublier d’y associer celui des populations sahariennes dont la France, en dépit de son devoir, semble toujours vouloir ignorer le sort ?

Notre pays s’est doté de l’arme atomique pour assurer son rôle de grande puissance dans le monde. Il en est fier mais son abandon des irradiés ternit cette image de conquérant de l’atome militaire puis civil. Au-delà de cette mise en cause des responsabilités de la France dans les séquelles laissées par ses campagnes d’essais nucléaires non maîtrisés sur le sol algérien, est posée la question de son engagement dans la sûreté nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), par la voix de son président, ne vient-elle pas de dénoncer les faiblesses des acteurs du nucléaire civil (EDF, Areva, CEA) pour la protection de leurs installations face aux risques d’accidents !

Article publié par Mediaparrt, le 31 janvier 2016
, sous la plume de Louis Bulidon

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